Propos recueillis par Anusha Rung
Portrait de l'artiste derrière l'illustration de couverture de la revue littéraire Soleil hirsute - numéro 2 - automne 2021 (à lire et télécharger gratuitement dans l'onglet Magazine). L'affiche Gaza, accompagnée d'un poème, figure également à la page 17 de la revue.
Comment vous est venue l’inspiration pour votre œuvre Gaza ?
Les arbres sont mon épiphanie. Jusqu’en 2019, je ne m’étais jamais permis d’essayer l’art abstrait. Et tout d’un coup, les arbres m’ont inspirée. Gaza fait partie des tout premiers arbres qui m’ont émue, je me suis sentie transpercée par ce que je voyais, ce que je sentais, tout avait un sens. Cet arbre qui se trouvait en Palestine et qui parlait pour ceux qui ne pouvaient plus le faire, il fallait l’illustrer. C’était un besoin, une nécessité.
Vous êtes une artiste très engagée. Pouvez-vous nous parler de cet engagement ? Quel message souhaitez-vous transmettre à travers vos œuvres ?
Toute forme d’art devrait être utilisée pour faire passer un message. C’est le devoir d’un artiste. Dans mon cas, je souhaite transmettre la beauté, réveiller la curiosité et l’intérêt pour un pays qui, la plupart du temps, est mentionné dans les journaux lors d’attaques. Beaucoup de gens détournent le regard par saturation face aux mauvaises (ou plutôt horribles) nouvelles. Derrière les chiffres il y a des enfants, des femmes, des hommes, des familles. La vie. À travers mes œuvres, j’espère pouvoir contribuer à lui rendre un visage humain et lui apporter de la beauté, que les gens l’aiment, réagissent.
Vous êtes à la fois poète et artiste visuelle. Comment conciliez-vous ces deux formes d’art ?
Les mots filtrent mes émotions lorsque je n’arrive pas à m’exprimer sur la toile, et vice versa. Ils se complètent, ils s’emboîtent, forment un tout. L’important étant de pouvoir s’exprimer.
Pouvez-vous nous parler d’un moment fort dans votre parcours d’artiste ?
Un matin, alors que trois de mes illustrations se trouvaient exposées au Musée de la Palestine, au Connecticut, je reçus un email avec une affiche. Ce fut une surprise colossale d’apprendre que mes illustrations avaient été sélectionnées — sans que j’aie postulé — et partaient à Washington DC, dans une galerie d’art en face du Trump Tower, pour une exposition temporaire. Mes œuvres se retrouvèrent exposées entre celles d'artistes palestiniens de renom, et mon illustration Exile fut à cette occasion mentionnée dans le Washington Post.
Quels artistes, auteurs ou autrices vous inspirent particulièrement ?
Victor Jara, auteur-compositeur chilien, Renaud, auteur-compositeur français, Rafeef Ziadah, poétesse palestinienne, et surtout, parce que le 4 octobre nous avons fêté le 104e anniversaire de sa naissance : Violeta Parra, notre symbole national, chanteuse, poète, peintre, brodeuse chilienne.
Mentionnons aussi Franz Kafka, austro-hongrois, Arthur Rimbaud, français, Roberto Bolaño, chilien, Jorge Eduardo Eielson, péruvien, Javier Llaxacondor (qui a édité le poème Gaza et qui m'aide à grandir jour après jour), péruvien, et Lina Meruane, chilienne.
Je suis également une grande admiratrice de la Renaissance, et le peintre qui a marqué mon adolescence est Sandro Botticelli. Parmi mes contemporains, citons Laila Shawa, peintre et artiste plastique palestinienne.
Vous vivez au Chili et êtes d’origine palestinienne. Est-ce que ces différentes cultures influencent votre art et votre poésie ?
Non seulement elles influencent, mais elles sont au centre, au cœur de ma peinture, de mes textes. Ce mélange est une force qui me nourrit. Les différentes cultures, tout comme les voyages, sont une richesse, une ouverture d’esprit, la porte d’accès à la tolérance.
En tant qu’artiste, quelles techniques aimez-vous utiliser ?
J’ai commencé avec l’illustration, le gel blanc, mais avec le temps j’ai senti que la peinture me permettait de transmettre mes émotions d’une manière plus intense et je suis passée à l’acrylique. Je continue cependant mes œuvres sur fond noir.
Un livre (fiction ou non-fiction) que vous nous recommandez ?
Le livre de l'écrivaine chilo-palestinienne Lina Meruane, Volverse Palestina, mais il me semble qu’il n’a pas encore été traduit en français.
Votre citation préférée ?
Une phrase que je répète régulièrement est : « Le hasard n’existe pas, tout a une raison d’être. » Sinon, une superbe phrase du plus grand poète palestinien : « Every beautiful poem is an act of resistance. » (Mahmoud Darweesh)
Solange D. Marcos, née à Buenos Aires en 1976, est d'origine palestinienne. Elle a vécu en exil au Chili et en Suisse. Peintre, illustratrice et poète, elle a présenté en 2019 son exposition Femmes au Chili, et a participé en 2020 à l'exposition La Diáspora, Telling the Palestinian Story au Musée de la Palestine au Connecticut. Son travail a été exposé à Washington, DC (États-Unis), à Venise (Italie) et à Leipzig (Allemagne).
Actuellement, elle prépare son premier livre sous la forme d'un journal intime.
Liens Instagram :
Poèmes et textes : @solange_d._marcos
Illustrations et peintures : @solange.d.marcos
Mélange et expositions : @diazmarcossolange
Entrevista : Solange D. Marcos, poeta y artista
Última actualización: 18 de octubre
Entrevista realizada por Anusha Rung
Retrato del artista que está detrás de la ilustración de portada de la revista literaria Soleil hirsute - número 2 - otoño 2021 (leer y descargar gratuitamente en la pestaña Magazine). El afiche de Gaza, acompañado de un poema, aparece también en la página 17 de la revista.
¿Cómo le llegó la inspiración para su obra Gaza?
Los árboles son mi epifanía. Hasta 2019, nunca me había permitido probar el arte abstracto. Y de repente, los árboles me inspiraron. Gaza fue uno de los primeros árboles que me conmovió, me sentí atravesado por lo que vi, lo que sentí, todo tenía un significado. Este árbol que estaba en Palestina y que hablaba por los que ya no podían hacerlo, tenía que ser ilustrado. Era un menester, una necesidad.
Es usted un artista muy comprometido. ¿Puede hablarnos de este compromiso? ¿Qué mensaje quiere transmitir con su obra?
Cualquier forma de arte debería servir para transmitir un mensaje. Es el deber de un artista. En mi caso, quiero transmitir belleza, despertar la curiosidad y el interés por un país que la mayoría de las veces se menciona en los periódicos durante bombardeos. Mucha gente mira de reojo las malas (o más bien dicho horribles) noticias por saturación. Detrás de los números hay niños, mujeres, hombres, familias. La vida. Con mi trabajo, espero poder contribuir a darle un rostro humano y aportar belleza, que la gente lo ame, reaccione ante él.
Es usted poeta y artista visual. ¿Cómo concilia estas dos formas de arte?
Las palabras filtran mis emociones cuando no puedo expresarme en el lienzo, y viceversa. Se complementan, encajan, forman un todo. Lo importante es poder expresarse.
¿Puede hablarnos de un momento intenso en su carrera artística?
Una mañana, mientras tres de mis ilustraciones estaban expuestas en el Museo de Palestina en Connecticut, recibí un correo electrónico con un afiche. Fue una inmensa sorpresa saber que mis ilustraciones habían sido seleccionadas -sin que yo lo hubiera solicitado- y que iban a Washington DC, en una galería de arte frente al Trump Tower, para una exposición temporal. Mi obra se expuso entre las de renombrados artistas palestinos, y mi ilustración Exile fue mencionada en el Washington Post.
¿Qué artistas, autores o escritores le inspiran especialmente?
Víctor Jara, cantautor chileno, Renaud, cantautor francés, Rafeef Ziadah, poetisa palestina, y sobre todo, porque el 4 de octubre celebramos el 104 aniversario de su nacimiento: Violeta Parra, nuestro símbolo nacional, cantante, poeta, pintora, bordadora chilena.
Mencionemos también a Franz Kafka, austrohúngaro, Arthur Rimbaud, francés, Roberto Bolaño, chileno, Jorge Eduardo Eielson, peruano, Javier Llaxacondor (que editó el poema Gaza y que me ayuda a crecer día a día), peruano, y Lina Meruane, chilena.
Soy además una gran admiradora del Renacimiento, y el pintor que marcó mi adolescencia es Sandro Botticelli. Entre mis contemporáneas se encuentra Laila Shawa, pintora y artista visual palestina.
Usted vive en Chile y es de origen palestina. ¿Influyen estas diferentes culturas en su arte y poesía?
No sólo influyen, sino que están en el centro, en el corazón de mi pintura, de mis textos. Esta mezcla es una fuerza que me nutre. Las diferentes culturas, al igual que los viajes, son una riqueza, una apertura de mente, la puerta a la tolerancia.
Como artista, ¿qué técnicas le gusta utilizar?
Empecé con la ilustración, el gel blanco, pero con el tiempo sentí que la pintura me permitía transmitir mis emociones de forma más intensa y pasé al acrílico. Sin embargo, sigo trabajando sobre un fondo negro.
¿Un libro (de ficción o no ficción) que recomiende?
El libro de la escritora chileno-palestina Lina Meruane, Volverse Palestina, pero me parece que aún no ha sido traducido al francés.
¿Su cita favorita?
Una frase que repito regularmente es: "El azar no existe, todo tiene una razón de ser". Por lo demás, una gran frase del mayor poeta palestino: "Todo bello poema es un acto de resistencia". (Mahmoud Darweesh)
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