En ville, le néant fuit le trop-plein et le trop-plein fuit le néant. Il y a donc des moments comme ça, où l'on apprécie davantage l'équilibre, vu les grands efforts que l'on a déployés pour le trouver. Voici certaines de mes peintures, que j'ai choisies en lien avec mes intuitions en ville. Les dimensions sont en pouces.
Un équilibre entre la réalité et l'imaginaire
Créer est pour moi le prolongement du monde intérieur. Il est difficile d’exprimer avec des mots la sensibilité et la fragilité de cette inspiration soudaine qui me pousse à peindre. J’aime perdre contact avec la réalité, rejoindre l’imaginaire avec mes idées et mes sentiments. Me balancer entre le ciel et la terre. Jouer avec tout cela pour mieux atteindre un équilibre entre la réalité et l’imaginaire. J’ai pratiqué plusieurs formes d’art, mais j’éprouve surtout de l’intérêt pour l’art visuel, musical, cinématographique et littéraire. La peinture est en revanche ma priorité, et je tenterai ici de décrire à ma façon ma démarche artistique.
Jouer avec les contrastes
Je peins depuis que je suis jeune. Après l’obtention de mon baccalauréat en enseignement des arts plastiques il y a vingt-cinq ans, j’ai exposé de façon intermittente, mais pas assez souvent. Même si je crois être un peu trop farouche, j’ai encore espoir, vu mes petits élans de courage qui surviennent parfois.
Ma démarche se base avant tout sur mes émotions, mes intuitions et la fiction. Chez moi, l’art visuel se transmet à travers le médium de l’acrylique. La peinture me sert de langage immédiat où se mêlent l’intuition, la sensibilité, l’authenticité et l’abandon. J’aime insérer dans un même tableau des contrastes de toutes sortes, dont le tangible et l’intangible, la raison et l’émotion, selon les sujets abordés.
Sur le plan technique, j’aime en ce moment jouer avec le réel et l’irréel, la rigueur et la candeur, la naïveté et la finesse, etc., autrement dit, un mélange se traduisant par des résultats à la fois précis et flous. Les couleurs varient selon mes états d’âme et bien sûr, selon l’émotion qui accompagne le moment et le sujet.
Les contrastes sont souvent au rendez-vous : j’aime ajouter de la lumière à la pénombre, tout en peignant des traits forts et doux. J’aime le mouvement; je préfère réaliser, en général, des compositions arabesques. J’adore également jouer avec la couleur avec l’aide des clairs-obscurs, des monochromes, des tons, des nuances, des couleurs rabattues, des couleurs pures. Je n’ai jamais d’idée globale préconçue en ce qui concerne les couleurs que je vais utiliser, sinon je me sentirais moins libre.
Mettre au monde une création artistique
Enfin, l’art me permet de faire vivre mon univers intérieur, avec sa douce folie, dans un monde souvent froid, où l’émotion est de plus en plus minimisée. De plus, c’est atténuer ou détruire la logique, même de manière éphémère. C’est le dynamisme et la force explosive de l’intuition, la liberté. C’est créer une impression d’enfantement, mettre au monde une création artistique.
Exprimer mes émotions en lien avec la ville
Récemment, j’ai ressenti un goût amer en raison de ma solitude, qui s’était amplifiée avec la pandémie. Celle-ci survenait juste après la perte de certaines illusions qui me tenaient à cœur. De plus, toutes les activités sociales étaient sur pause, et comme je n’ai pas d’enfant, cela laissait un vide, le virtuel devenant vite lassant. Ainsi, les deuils récents et anciens de ma vie étaient plus difficiles à contenir. À ce moment, la ville m’étouffait encore plus. Je rêvais d’horizons lointains, de sentir le vent dans la nature. Mais comme j’enseignais l’art à des enfants, je devais rester en ville. Celle-ci était aux antipodes des grands espaces dont j’avais besoin et qui me manquaient, comme j’ai exploré des territoires sauvages de nombreuses fois ces trois dernières années.
Lorsque Soleil hirsute m’a proposé cette exposition virtuelle, ma motivation à montrer mes créations, et aussi à en réaliser de nouvelles, s’est agrandie. J’ai tenté d’exprimer mes émotions en lien avec les sujets évoqués ici, et aussi avec mon lieu de vie, la ville ! Enfin, la création m’a donné l’espace dont j’avais besoin, et m’a aidée à mieux gérer mes deuils malgré mon obligation de rester en ville.
En ville, le néant fuit le trop-plein et le trop-plein fuit le néant. Il y a donc des moments comme ça, où l'on apprécie davantage l'équilibre, vu les grands efforts que l'on a déployés pour le trouver.
Pour en savoir plus sur le travail d'Isabelle Legault, communiquer avec elle ou commander une de ses œuvres, rendez-vous sur son site web.
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