La poète Sara Balbi Di Bernardo et sa complice, l'artiste Laurence Marie, nous emmènent avec délicatesse dans un monde si lointain et si proche à la fois, car il est à l'intérieur de nous, et il suffit de se perdre un instant au détour d'un rêve pour se retrouver là, dans ce jardin, humant à pleins poumons le pétrichor.
Laissons-nous guider par ce duo de magiciennes des mots et des couleurs, qui mêlent leurs talents pour créer des poèmes illustrés. Comme le dit si bien Laurence Marie : « Les mots et les bruits sont comme une cadence à mon oreille qui dévale le long de mon bras pour agiter le bout de mes
doigts. »
Lecture en musique
Chaque gramme de ton être
je parle à ces endroits
de toi
que tu ne connais pas
l’oreille de tes pores
les yeux
à la pointe de tes cheveux
le tympan de ta paume droite
et celui de la gauche
qui entend le mieux
la trame sans âge
de tes synapses
stellaires
la mémoire ancestrale
de chaque gramme de ton être
chaque cellule de ta lumière
celui que tu as été
aigle tigre fourmi
et tu as oublié
les milliers de lucioles
qui peuplent tes poumons
tes branchies endormies
les griffes rétractiles
qui glissent sous ta peau
tes ailes encastrées
les narines cachées
dans tes grains de beauté
le cœur de ton foie
la foi de ton cœur
le feu de ta moelle
tes yeux du dedans
j’apostrophe
la mémoire
de ton âme
Pose le ciel sur ton ventre
pose le ciel sur ton ventre
allonge-toi enfonce repousse
tes limites
déploie
ton tronc
tes bras
tes racines
ressens comme
tout est toi
& tu es tout
& rien
& partout
depuis toujours
mêle tes doigts à l’herbe
de tes cheveux
avale
ta propre sève
n’arrache plus rien
pousse
écoute le vent
la traîne du lombric
les fleurs
qui t’applaudissent
porte les enfants
sois leur terrain de jeux
leur cachette
leur refuge
sous le soleil
ferme les yeux
ris avec lui
parle-lui de la pluie
invoque-la une dernière fois
dis les mots qui changent de sens
& que personne n’entend
retiens le souffle
qui file
entre tes dents
parle à l’herbe à l’arbre
berce la pierre
console-la
moule ta nuque dans la glaise
& tes yeux
dans le bleu
laisse les feuilles couvrir ta langue
mâche l’humus
les vers
la pluie
souviens-toi
ou ne te souviens pas
mais quand la brume viendra
n’oublie pas
remercie-la
Cyclamen, hommage à Cy Twombly
Rêve
À propos du duo de poètes visuelles :
Sara Balbi Di Bernardo, autrice
Je suis née à Gênes en 1972, j’ai la double nationalité (italienne et française). J’ai émigré en France en 1980. Diplômée de Sciences Po Paris, ancienne blogueuse, j’ai longtemps travaillé en tant que consultante.
Il y a quelques années, j’ai écrit le scénario de deux courts-métrages portés à l’écran et sélectionnés dans plusieurs festivals (en France et à l’international) : Café noir, réalisé par Steve Perret, et Fin de soirée, réalisé par Raphaël Girszyn.
Depuis 2021, je réponds à des appels à textes et mes poèmes sont publiés dans des revues littéraires : Dissonances, Jupiter, Poétisthme, Pro/p(r)rose Magazine, Miroir, la revue des ateliers d’écriture de Laura Vazquez.
J’ai également participé à plusieurs épisodes du podcast poétique Mange tes mots (épisodes 6, 8, 9, 10, 11 - juin, octobre, novembre, décembre 2021, janvier 2022)
En collaboration avec l’artiste Laurence Marie, j’ai créé, il y a quelques mois, les Poésies à la verticale, des créations à quatre mains, mêlant texte et visuel, imprimées en tirage limité.
Je viens de terminer l’écriture de mon premier recueil de poésie ; il aborde des thèmes pluriels : la maternité, la maladie, l’absence, l’écriture, le rêve, la vie matérielle dont parlait si bien Marguerite Duras. Si mes textes sont ancrés dans le quotidien, certains de mes poèmes ont une forte dimension onirique et spirituelle. Car la poésie est passage ; elle ouvre toutes les fenêtres du mot.
Laurence Marie, artiste visuelle
Je travaille la peinture à l’huile, l’acrylique, le dessin, mais aussi la photographie et la création assistée par ordinateur.
Mon travail a été présenté dans plusieurs galeries, salons et expositions franciliennes, notamment le salon Figuration critique et le Toit de la Grande Arche de La Défense. J’ai été résidente à la galerie Étienne de Causans et j'ai participé, plusieurs années durant, au Grand Marché d’Art contemporain de Paris.
J’ai également participé à plusieurs appels à contribution pour des revues littéraires (Encres, Pro/p(r)rose Magazine).
Je travaille actuellement à l’illustration d’un recueil de poésie.
Mon inspiration se nourrit de regards, de bouches, de bras et de jambes, d’odeurs et de bruits. Du végétal comme du vivant. Les mots et les bruits sont comme une cadence à mon oreille qui dévale le long de mon bras pour agiter le bout de mes doigts.
Nous vous invitons à découvrir Poésies à la verticale ici.
Galerie photos Poésies à la verticale
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